Des rebelles et des activistes issu·es de 9 mouvements panafricains manifestent devant l'Africa Energies Summit (le « sommet pour les énergies en Afrique »), à Londres.
Dans ce numéro : Rébellion espagnole | Arrêtons le partage de l'Afrique | La croissance tue ! |
Cher·ère rebelle,
L'année 2024 a connu le mois de mai le plus chaud jamais enregistré. Celui-ci a marqué le terme d'une année entière de températures battant continuellement des records à l'échelle mondiale et nous a donné un signe supplémentaire de la détérioration du système météorologique planétaire.
Tandis que 600 000 personnes étaient déplacées en raison d'inondations inédites au sud du Brésil, le nord du pays subissait une vague de chaleur sans précédent. Alors que des gens succombaient de chaleur par des températures de 52,3 °C à Delhi, d'autres, dans l'est de l'Inde, se noyaient dans l'eau des pluies d'un cyclone.
Voilà le monde créé par les énergies fossiles, un monde où les phénomènes météorologiques extrêmes sèment aléatoirement la destruction dans presque toutes les régions du globe au même moment. Les climatologues ont de quoi désespérer.
Une semaine de rébellion en Espagne se conclut par une marche dans le centre de Madrid.
Cependant, au cours du mois dernier, des rebelles se sont aussi soulevé·es contre l'industrie des combustibles fossiles, afin d'éviter que nous nous habituions davantage à un climat meurtrier et au chaos.
Dans les Temps forts, nous présentons une semaine de rébellion spectaculaire en Espagne, qui ciblait les subsides aux combustibles fossiles. Nous couvrons également la manière dont XR et une alliance de groupes africains ont perturbé un sommet secret, à Londres, au cours duquel des dirigeants de sociétés pétrolières planifiaient un énième pillage de l'Afrique.
Dans la section Les humains de XR, nous discutons avec un jeune rebelle incroyable qui résiste à l'industrie pétrolière en République démocratique du Congo, pays déchiré par la guerre. Dans le coin de la solidarité, nous présentons Growth Kills, un nouveau groupe qui met en évidence la façon dont notre système économique, basé sur la croissance, nous empêche de sortir de l'ère des combustibles fossiles.
Le mouvement Growth Kills (« la croissance tue ») bloque la Commission européenne avant les élections européennes.
Pour finir sur une note positive, nous soulignons le fait qu'une ancienne scientifique du GIEC a été élue à la présidence du Mexique. C'est la première fois qu'un·e climatologue prend la tête d'un pays.
Pour un pays touché par une série de vagues de chaleur meurtrières et une capitale se trouvant bientôt à court d'eau, il est grand temps d'arrêter de faire comme si de rien n'était. Si la présidente rompt les liens avec son prédécesseur pro-combustibles fossiles et remplit les promesses de sa campagne en matière d'écologie, nous pourrions enfin nous fier à un dirigeant mondial.
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Contenu
- Temps forts : Rébellion espagnole, Arrêtons le partage de l'Afrique
- Résumé d'actions : Pays-Bas, Irlande, États-Unis, Australie, Allemagne, RDC, Bolivie, Afrique du Sud, France, Inde, Royaume-Uni, Ouganda
- Coin de la solidarité : La croissance tue !
- Le livre du mois : World Made By Hand (« Un monde fait à la main »)
- Les humains de XR : François, RDC
- À lire : Discours d'Equinor, Désespoir des climatologues, Coûts de la crise
- Annonces : Rôles disponibles au sein de XR Global Support
Temps forts
La rébellion espagnole s'achève en beauté à Madrid
18 MAY, 26 MAI–2 JUIN | Madrid, Barcelone, Pampelune, Gijón – Espagne
Des rebelles de toute l'Espagne défilent dans Madrid avec une plateforme pétrolière et un arbre. Photo : Mar Sala
Madrid s'est transformée en un festival de couleurs, de musique, de danse et de perturbations grâce à des rebelles de toute l'Espagne ayant convergé vers la capitale pour demander la fin des subsides aux combustibles fossiles.
Plus de 150 activistes ont occupé la Gran Vía, la rue la plus célèbre de la ville, et ont réalisé, sous les yeux surpris des passant·es et de la police, un spectacle mettant en scène un puits pétrolier, une fausse marée noire, un « die-in » et un arbre géant, symbole d'un nouveau chemin pour l'humanité.
Les rebelles ont ensuite défilé avec leur arbre à travers le centre de Madrid et se sont arrêté·es dans l'un des parcs publics les plus fréquentés de la ville pour écouter des prises de parole et déposer des fleurs sur le pavé. Les manifestations non déclarées sont illégales en Espagne, néanmoins, des rebelles médiateur·ices de talent ont rapidement approché la police et il n'y a eu ni arrestations ni amendes.
XR Barcelone occupe le port pendant que des rebelles aspergent les méga-yachts.
Ce rassemblement était la plus grosse action de XR Madrid depuis la pandémie et a permis de conclure magistralement une semaine de rébellion à l'échelle nationale, lancée dans le cadre de la campagne Stop EU Fossil Subsides (« Pour l'arrêt des subsides européens aux combustibles fossiles »).
Plus tôt dans la semaine, à Barcelone, des rebelles s'étaient joint·es aux scientifiques en rébellion pour pulvériser de la peinture noire biodégradable sur plusieurs méga-yachts, afin de dénoncer la pollution du tourisme de luxe dans une région ayant traversé trois années de sécheresse exceptionnelles.
XR Pampelune a recouvert les murs de la ville de fresques montrant des vilains fictifs tels que Freddy Krueger et Chucky, demandant le maintien des subsides aux combustibles fossiles. Au nord de l'Espagne, XR Asturies a bloqué une importante aciérie à Gijón, afin de mettre en lumière l'usage intensif que l'industrie de l'acier fait des combustibles fossiles.
De plus, le jour où le gouvernement espagnol a officiellement reconnu l'État de Palestine, XR Madrid et d'autres groupes alliés ont organisé un sit-in dans l'une des gares principales, pour dénoncer l'hypocrisie du gouvernement qui n'a pas mis fin à ses relations commerciales avec Israël.
XR Asturies bloque l'entrée d'une aciérie. Photo : David Aguilar Sánchez
XR Madrid a été durement touché par la pandémie, puis ébranlé une nouvelle fois lorsqu'un rebelle engagé s'est révélé être un policier infiltré en 2023. En février 2024, le groupe a reçu une amende de plus de 20 000 € pour avoir tenté d'empêcher l'abattage de 600 arbres dans un parc public.
Malgré tout, les rebelles se sont montré·es résilient·es et sont impressionné·es par leur propre succès, soit l'union de XR Espagne au terme de cette rébellion. Leur objectif est de continuer à créer des connexions avec des groupes XR et d'autres mouvements dans le pays, et d'attirer l'attention du public et des médias espagnols sur le fait que la crise climatique est déjà en train de se produire.
Suivez XR Espagne grâce à ce lien.
Arrêtons le partage de l'Afrique !
14–15 MAI | Londres, Royaume-Uni
Des rebelles et des activistes africain·es se rassemblent à l'extérieur d'une conférence sur l'énergie en Afrique, à Londres.
XR Royaume-Uni et des groupes alliés ont confronté des délégué·es et fait du raffut à l'extérieur de l'Africa Energies Summit. Il s'agit de trois jours de réunions, au cours desquelles les dirigeants des principales sociétés pétrolières et leurs auxiliaires politiques prévoient le pillage du pétrole et du gaz restant sur le continent africain.
L'emplacement du sommet était toujours inconnu, même des délégué·es, 24 heures avant le début, l'objectif étant de tenir les manifestant·es à distance. Mais les rebelles attendaient à l'extérieur du lieu lorsque 500 délégué·es sont arrivé·es pour un petit-déjeuner d'ouverture VIP. Iels ont été poussé·es sur le côté par la sécurité, alors qu'iels essayaient de bloquer les portes.
Le matin suivant, les rebelles ont été rejoint·es par des organisations panafricaines pour accueillir les délégué·es secoué·es. Iels ont ensuite fait suffisamment de bruit pour perturber les discussions à l'intérieur. Après une chorale de vuvuzelas et la performance de joueurs de tambours sénégalais, les organisateur·rices du sommet ont appelé la police. Les rebelles ont négocié avec celle-ci pour avoir le temps de prononcer des discours et d'organiser une parodie de cérémonie de remise des prix pour les compagnies pétrolières corrompues à proximité.
En plus des activistes, les délégué·es ont dû passer au travers de membres de XR déguisés en nappes de pétrole à leur arrivée.
Les orateur·rices ont comparé la ruée des participant·es au sommet vers les réserves de pétrole et de gaz avec le pillage colonial de l'Afrique dans les années 1880. Les entreprises de combustibles fossiles ont beau affirmer qu'elles apporteront le « progrès », les pays africains exportent du pétrole depuis des décennies et les résultats sont affligeants.
Les plus grands producteurs de pétrole d'Afrique, comme le Nigeria et le Soudan du Sud, souffrent toujours d'une pauvreté extrême et 600 millions d'Africains n'ont pas accès à l'électricité. Le continent a été empoisonné par des déversements de pétrole et par le torchage de gaz toxique et des communautés ont été dispersées pour permettre le passage de pipelines.
L'Afrique est particulièrement vulnérable aux changements climatiques. Pourtant, au vu de son potentiel élevé pour de l'énergie solaire ou éolienne, elle pourrait devenir le premier continent sans émissions de carbone. Mais ce n'est pas ce que veulent les entreprises de combustibles fossiles, qui planifient déjà le sommet suivant à Londres l'année prochaine. En tout cas, où qu'atterrissent les délégué·es, les rebelles les attendront de pied ferme.
Suivez les activistes africains de Stop EACOP, Alliance 4 Food Sovereignty Africa, Home of Mother Earth, 350africa, Power Shift Africa, Don’t Gas Africa, Africans Rising
Résumé d'actions
7 MAI | Amsterdam, Pays-Bas : Des rebelles occupent un salon pour voyageur·euses habitué·es à l'aéroport de Schiphol, en bloquant son entrée et en s'enchaînant à un comptoir. Iels réprouvent les compagnies comme KLM, qui mettent en place des programmes pour récompenser et encourager les personnes voyageant fréquemment, et demandent à ce que de telles pratiques écocidaires soient sanctionnées financièrement.
9 MAI | Dublin, Irlande : XR Irlande perturbe le dîner en costume-cravate de l'Irish Funds Industry Association, qui compte parmi ses membres des groupes tels que BlackRock, JPMorgan Chase et Citibank, soit les investisseurs de milliards de dollars dans les combustibles fossiles. Les rebelles se sont collé·es aux entrées et ont obligé les participant·es à passer au travers du rassemblement pour entrer. Un résumé complet est disponible sur le site web de XR Irlande.
12 MAI | New York City, États-Unis : En 2023, les Étasunien·nes ont dépensé 147 $ milliards pour leurs animaux de compagnie, mais seulement 1,2 $ milliard a été consacré à la protection des espèces en danger. XR NYC a mis en lumière ce sens des priorités distordu en perturbant pacifiquement un concours canin. Ses membres se sont mis en travers d'une course d'obstacles canine et ont déplié une banderole affichant « No Dogs on a Dead Planet » (« Pas de chien sur une planète morte »).
16 MAI | Adelaide, Australie : Des centaines d'activistes, y compris des rebelles, ont organisé un sit-in à l'occasion du 1er anniversaire de la mise en place de lois répressives contre les manifestations. La police a mis des amendes à 8 manifestant·es ayant refusé de quitter la route. En vertu des nouvelles lois, la sanction maximale pour l'obstruction d'un lieu publique est passée de 750 $ à 50 000 $ ou 3 mois de prison. Photo : Peter Barnes
17 MAI | Berlin, Allemagne & Butembo, RDC : Des rebelles se rassemblent en Allemagne et en RDC simultanément pour mettre en évidence l'exploitation des Congolais·es par des entreprises de la tech en raison des ressources naturelles de leur pays. Un magasin Apple à Berlin a été aspergé de peinture, tandis que plus de 200 activistes se massaient autour. Au même moment, des rebelles ont défilé dans Butembo, en RDC, pour demander à ce que le parc national Virunga soit protégé contre l'extraction de pétrole et de gaz, et à ce que le monde reconnaisse qu'une vraie transition écologique ne peut être entachée du sang du peuple congolais.
20 MAI | La Paz, Bolivie : L'horreur ressentie devant le nettoyage ethnique des Palestinien·nes par le pouvoir israélien est à l'origine d'une marche de grande ampleur dans la capitale bolivienne. Des rebelles ont rejoint une alliance de manifestant·es pour se regrouper devant les ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Allemagne, en raison de leur soutien à l'impérialisme sioniste génocidaire.
22 & 24 MAI | Cape Town & Vanderbijlpark, Afrique du Sud : En l'honneur de la Journée internationale de la biodiversité, XR Cape Town manifeste contre l'utilisation, par la ville, de pesticides liés à des cancers sur les routes, dans les parcs et dans d'autres espaces. Quelques jours plus tôt, XR Vaal et des sympathisant·es se sont rassemblé·es à l'occasion de l'assemblée générale annuelle d'ArcelorMittal, un fabricant local d'acier, pour exiger un futur décarboné.
24 MAI | Paris, France : Dans le cadre de la campagne Liquidation Total, près de 600 activistes de toute la France se sont regroupé·es à l'extérieur du siège d'Amundi, le plus grand gestionnaire d'actifs en Europe et le principal actionnaire de TotalEnergies. Les manifestant·es se sont infiltré·es dans le hall du bâtiment où se tenait l'assemblée générale annuelle d'Amundi. La police a réagi violemment en frappant des personnes, en les traînant et en arrêtant 200 d'entre elles au hasard, sur des motifs abusifs. Parmi celles-ci, 50 ont été coincées à l'intérieur d'un bus pendant 6 heures, alors que de nombreuses autres étaient immobilisées au bord de la route. XR France se prépare à porter plainte contre la police française pour ses actes de violence.
25 MAI | À l'international : Les mères en rébellion ont organisé leur 5ème rébellion mondiale. Des mères et des allié·es ont formé des cercles dans 75 villes et 26 pays. Photo prise à Delhi, en Inde.
26 MAI–2 JUIN | Royaume-Uni et à l'international : XR UK a complètement bloqué le plus grand aéroport de jets privés du pays à l'aide de trépieds, de cadenas et d'un bateau rose visant à soutenir la perturbation. Le blocage s'inscrivait dans le cadre d'une vague d'actions générale contre les jets privés, au cours de laquelle des aéroports ont été ciblés dans 8 pays. Les actions se sont déroulées quelques semaines après qu'une étude a conclu que les émissions du secteur de l'aviation sont 50 % supérieures à ce qui avait été précédemment rapporté.
27 MAI | Kampala, Ouganda : Des activistes de Stop EACOP et leurs allié·es ont été arrêté·es pour avoir manifesté pacifiquement devant l'ambassade chinoise. Le rassemblement avait été organisé après des annonces selon lesquelles la Chine envisagerait d'investir dans le pipeline EACOP. Les manifestant·es attendaient devant l'ambassade pour faire signer une pétition aux fonctionnaires, mais la police les a encerclé·es et a envoyé sept personnes passer la nuit en prison.
Coin de la solidarité : Growth Kills
Growth Kills, les Scientifiques en rébellion et XR Belgique démarrent 3 journées d'actions en amont des élections européennes.
Abritant la deuxième plus grande population de lobbyistes du monde, Bruxelles est devenue un centre pour la défense du statu quo. C'est pourquoi Growth Kills (« La croissance tue »), un groupe consacrant ses efforts à déconstruire l'idée que la croissance économique doit continuer, interrompt des conférences et bloque des bâtiments dans la ville depuis 18 mois.
« Notre stratégie est de faire irruption dans des réunions où le pouvoir est concentré et de forcer les intervenant·es à se justifier devant leur audience, raconte un organisateur. C'est étonnant, mais nous avons même déjà été applaudi·es par certains membres du public. Ça montre à quel point le récit d'une croissance à tout prix a perdu toute crédibilité. »
Growth Kills attend 5 mesures des institutions européennes : l'abandon du PIB comme indice de prospérité, la création d'une assemblée citoyenne souveraine décidant de notre avenir commun, des lois visant à faire payer aux entreprises les véritables coûts sociaux et environnementaux de leurs activités, la fin de la surconsommation et de la publicité qui l'entraîne et le retour des ressources essentielles parmi les biens communs, afin que chaque personne puisse en disposer.
Un activiste de Growth Kills bloque un bâtiment de la Commission européenne.
En amont des élections européennes, Growth Kills a fait équipe avec XR Belgique et les Scientifiques en rébellion pendant trois jours d'action, pour demander une économie dans laquelle les limites planétaires et le bien-être de tous et toutes priment les profits d'une poignée d'individus.
Le point culminant a été le blocage du siège de la Commission européenne : des activistes ont collé leurs mains à l'entrée pour empêcher les employés d'entrer et ont brandi des banderoles raillant la croissance verte et le PIB. Une affiche géante a été accrochée sur le bâtiment, portant l'inscription « The Future is Degrowth » (« La décroissance est l'avenir »).
Growth Kills a aussi donné la priorité à la participation du public. Le groupe a pris le temps de discuter avec des passant·es faisant leurs achats dans la rue principale et a organisé un atelier ouvert visant à démythifier la décroissance et à présenter une vision positive et pratique du futur. Growth Kills a ainsi gagné des dizaines de nouveaux membres et s'est même attiré le soutien d'un éminent chercheur du GIEC.
Growth Kills s'adresse au public dans un centre commercial très fréquenté à Bruxelles.
« Auparavant, nous n'avions pas beaucoup de participation pendant des événements publics comme celui-ci, mais la campagne Growth Kills a permis de changer cela. Les gens sont très réceptifs et expriment leur peur et leur souffrance. Ils cherchent un changement, la perspective d'une amélioration. On a l'impression d'approcher d'un changement de paradigme », confie l'organisateur.
Growth Kills croit que le militantisme doit aider la population à remettre en cause l'idéologie planétocidaire du capitalisme, et nous permettre d'utiliser notre imagination collective afin de construire un monde joyeux. Où que vous soyez sur Terre, vous pouvez accéder à une boîte à outils d'action qui vous aidera à faire passer le message de Growth Kills à cet endroit.
Rejoignez Growth Kills et suivez leur campagne sur X.
Livre du mois
World Made by Hand, par James Howard Kuntsler
Dans ce roman, premier d'une saga, une petite communauté au nord-est de l'ancien territoire des États-Unis se reprend en main après l'effondrement de la civilisation. Il semble que l'effondrement ait été provoqué par une crise politique et économique ayant atteint un point de non-retour — quoiqu'il en soit, les combustibles fossiles ne sont plus, ou quasiment plus, utilisés.
Le monde qui en résulte est laid, mais seulement parce que l'histoire est pleine de bouleversements et de tragédies, et aussi parce que les gens sont pour la plupart des abrutis. L’absence de combustibles fossiles ne semble pas si terrible. L'intrigue est lente, mais pas dans le mauvais sens du terme, les personnages sont attachants et le monde construit est richement détaillé et très crédible.
Malheureusement, le livre ne parle que d'hommes blancs. L'exclusion des personnages non blancs et la marginalisation des personnages féminins, que Kunstler ait agi délibérément ou ait simplement été négligent, pourraient constituer un sujet de discussion intéressant. Dans tous les cas, l'écriture est visiblement biaisée.
World Made by Hand vaut le coup d'être lu en raison de son exploration immersive d'un futur post-fossile potentiel, de l'intégration sans détour et constante du changement climatique à la trame de fond (une chose étrangement rare dans la fiction) et des conversations qu'il peut alimenter.
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Les humains de XR
François, XR Rutshuru, République démocratique du Congo
Je m'appelle François et je suis un jeune défenseur du climat et des droits de l'homme en RDC. Actuellement, je n'étudie pas à cause de la récurrence du conflit armé dans ma province du Nord-Kivu depuis la fin de l’année 2022. Dans ce contexte de violence, j'ai lancé XR Rutshuru pour mobiliser des jeunes volontaires et nous organiser ensemble au moyen d'actions non-violentes, et pour exiger une gouvernance participative et responsable des aires protégées en RDC.
Grâce à d'autres mouvements associés, tels que Amani Institute ASBL, dont je suis l'un des membres co-fondateurs, j'essaye d'aider des membres de la communauté à se rétablir psychologiquement malgré les épreuves traumatisantes qu'ils traversent quotidiennement.
Ma motivation de créer un groupe XR local découle de ces événements, en particulier de la tragédie humanitaire inédite qui s'ajoute aux effets du réchauffement climatique se faisant déjà durement ressentir. Je me suis lancé le défi de dissuader les jeunes gens de rejoindre des groupes armés et de travailler avec eux pour produire un changement positif au sein de la communauté.
J'ai participé à des campagnes comme Fossil Free Virunga, Decolonize Virunga, Fossil Free DRC et, en ce moment, je m'engage dans la campagne #SaveVirunga. Nous faisons pression sur les autorités congolaises afin qu'elles annulent des appels d'offres pour la vente illégale de 27 blocs pétroliers et de 3 blocs gaziers situés dans des zones protégées vulnérables, notamment dans le parc national Virunga, l'un des plus anciens parcs nationaux d'Afrique, dont la conservation assure la subsistance de plus de 5 millions de personnes.
Pour moi, être militant, c'est donner les moyens aux autres d'atteindre des objectifs communs. Je suis fier d'être un militant, parce que je suis convaincu que le combat que nous menons changera l'histoire. Ma motivation provient de l'indignation que je ressens devant tout ce que nous traversons. Je me dis que je dois travailler pour faire prendre conscience aux communautés des problèmes que nous affrontons, pour que nous puissions, ensemble, demander des comptes à nos dirigeants.
Ce travail est de plus en plus difficile, car il est de plus en plus urgent. La situation sécuritaire dans notre capitale régionale, Goma, s'est tellement détériorée que nous ne sommes plus en mesure d'y organiser des activités. Les attaques répétées de milices soutenues par le Rwanda dans la région ont provoqué des déplacements massifs.
Des centaines de milliers de personnes vivent sous des tentes dans des campements, sans nourriture ni eau potable, sans installations sanitaires ni toits – abandonnées par les organisations internationales humanitaires. Goma elle-même étouffe, car les villages qui l'approvisionnent en nourriture sont occupés par des milices.
À mes camarades rebelles de XR, je demande de faire preuve de solidarité vis-à-vis de la crise que nous traversons et qui résulte de l'agression injuste du Rwanda et de ses partenaires extractivistes. Nous réclamons la fin de l'hypocrisie de la communauté internationale. On a longtemps fait couler le sang du peuple congolais en toute impunité, et cela doit cesser.
Si vous connaissez (ou si vous êtes) un·e rebelle avec une histoire à raconter, contactez-nous à xr-newsletter@protonmail.com](mailto:xr-newsletter@protonmail.com)
À lire
Des rebelles à Madrid appellent à la fin de l'ère des combustibles fossiles. Photo : Mar Sala
Vidéo : Le PDG d'un groupe pétrolier critiqué pour sa « cupidité invraisemblable » (4 minutes)
Une jeune militante écossaise était invitée à s'exprimer lors de l'assemblée générale annuelle d'Equinor, la compagnie pétrolière norvégienne responsable du plus grand gisement de pétrole non exploité du Royaume-Uni, Rosebank. En regardant droit dans les yeux le PDG d'Equinor et les représentants de son principal actionnaire, le gouvernement norvégien, elle leur a asséné des vérités cinglantes durant 4 minutes.
Article : Désespéré·es et brisé·es : pourquoi les meilleur·es climatologues sont aux abois
Le Guardian a demandé à 380 climatologues leur avis par rapport à l'avenir. Parmi elleux, 77 % pensent que les températures globales augmenteront de 2,5 °C au moins et 42 % de plus de 3 °C. Selon 6 % seulement, la limite de 1,5 °C peut être respectée. Dans l'ensemble, iels sont terrifié·es. Au sujet des activistes pour le climat, un scientifique déclare : « Tous ces jeunes gens étaient si enthousiastes, si passionnés. Alors, j'ai dit que je continuerai à travailler, pas pour les politiciens, mais pour eux. »
Article : Franchir le Rubicon
Un rebelle écrivain partage ses réflexions personnelles sur le futur du monde et sur le mouvement, à présent que les températures moyennes mondiales ont dépassé 1,5 °C pendant plus de douze mois.
Article : Les conséquences macroéconomiques du changement climatique
Les dommages économiques causés par le changement climatique seront six fois supérieurs aux prévisions initiales, ce qui rend la décarbonation unilatérale efficace en matière de coûts, même pour les grands pays tels que les États-Unis. C'est la conclusion d'une étude rédigée par des économistes ayant analysé les changements des températures globales. Ils ont également conclu que le PIB mondial serait plus élevé de 37 % aujourd'hui s'il n'y avait eu aucun réchauffement entre 1960 et 2019. Prenez ça dans les dents, les néolibéraux.
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Un membre de XR déguisé en nappe de pétrole regarde les dirigeants de compagnies pétrolières se hâter vers le sommet pour y discuter de la manière dont ils peuvent ruiner davantage l'Afrique et le monde tout en se remplissant les poches.
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