Imaginez que vous êtes dans un avion avec une centaine d'autres passagers, que vous regardez par le hublot, et contemplez un magnifique lever de soleil. Vous vous sentez serein et en paix, mais soudain, quelque chose attire votre attention. Il y a un boulon qui se desserre sur l'aile de l'avion.
Vous le regardez se dévisser peu à peu, et s'envoler en un éclair. Vous inspirez profondément, vous fermez les yeux, et vous vous dites que ce n'était qu'un boulon, que tout va bien se passer. Lorsque vous ouvrez à nouveau les yeux, vous remarquez qu'un autre boulon, un peu plus loin sur l'aile, se désserre aussi. Votre rythme cardiaque s'accélère, car il est lui aussi rapidement arraché.
Ça n'a pas l'air d'affecter l'avion, mais vous ne pouvez pas vous empêcher d'y penser, et vous êtes très mal à l'aise. Vous descendez le store du hublot, et fermez les yeux à nouveau.
Si vous ne regardez pas dehors, vous serez moins inquiet. Peu de temps après, l'avion est violemment ébranlé, et les passagers autour de vous crient de surprise. Vous savez que d'autres boulons se sont desserrés. Vous savez que l'avion va s'écraser. Mais maintenant, vous ne pouvez plus rien faire.
Une analogie similaire avait déjà été utilisée par Paul Ehrlich et Brian Walker en 1998 pour illustrer ce qu'est la biodiversité, et en quoi elle est impactée par l'extinction des espèces. L'avion représente notre planète. Les boulons, ses espèces. Et nous sommes les bourrasques de vent qui les arrachons. Nous courons vers la catastrophe, et depuis longtemps, nous nous contentons de la regarder se produire, mais il n'est pas trop tard pour changer de trajectoire.
la biodiversité est un trésor inestimable
Source : Boris Smokrovic, Unsplash
Vous avez sûrement déjà entendu parler de "biodiversité" récemment. Mais qu'est-ce exactement ? Pour le dire simplement, la biodiversité, c'est la base de la vie. C'est la variété des espèces qui existent sur Terre , des plus grandes (comme les baleines) aux plus petites (comme les bactéries), et la façon dont elles interagissent les unes avec les autres. À bien des égards, c'est ce qui nous maintient en vie, vous et moi, ainsi que toutes les formes de vie sur cette planète.
Lorsqu'un seul maillon de la chaîne de la biodiversité est atteint ou disparait, cela altère le fonctionnement de l'ensemble du système. C'est pourquoi des problématiques comme le déclin des populations d'abeilles sont très inquiétantes. Ces minuscules insectes sont essentiels à la survie des écosystèmes, sources de nourriture pour de nombreuses espèces, dont nous.
Si les abeilles venaient à disparaître, la vie telle que nous la connaissons serait radicalement différente. De nombreux fruits, légumes et noix que nous apprécions actuellement seraient introuvables ou auraient complètement disparu (plus de pommes, d'amandes, de myrtilles ou de cerises !). La majorité des espèces de fleurs sauvages se faneraient et mourraient, privant le monde de leurs couleurs chatoyantes. Les animaux dépendant des abeilles, tels que les oiseaux, les araignées, les papillons et les écureuils disparaîtraient probablement aussi , entraînant la disparition d'autres espèces animales qui dépendent d'eux. Une planète sans abeilles n'est pas une planète sur laquelle nous devrions avoir à vivre.
Voilà ce qui peut arriver lorsqu'on perd ne serait-ce qu'une seule pièce importante du puzzle de la biodiversité. Et le problème ne s'arrête pas aux abeilles. L'effondrement de la biodiversité est actuellement en cours à l'échelle mondiale, et à un rythme alarmant. Environ un million d'espèces végétales et animales sont aujourd'hui menacées d'extinction - un nombre qui n'avait jamais été observé dans toute l'histoire de l'humanité. Les scientifiques en concluent que la Terre est actuellement en train de subir la 6ème extinction de masse des espèces, et bien que l'extinction des espèces soit un processus naturel, elle se produit aujourd'hui à un taux 1000 fois plus rapide qu'en moyenne, et ce sont les humains qui en sont responsables.
Cela veut dire que nous nous dirigeons vers un avenir où nombre de nos chères espèces animales, telles que le tigre du Bengale, le rhinocéros blanc, et l'éléphant d'Asie, pourraient juste ne plus exister. Un avenir où de nombreux aliments que nous apprécions aujourd'hui, tels que les chips, le chocolat et le café, ne seront plus que le lointain souvenir d'un passé meilleur.
La perspective est certes plutôt sombre. Alors que pouvons-nous faire ? Afin de d'envisager de bonnes solutions, il est d'abord important de comprendre les différents types de biodiversité, et leurs impacts sur l'environnement afin de pouvoir travailler à leur protection.
La richesse des différents types de biodiversité
Source : David Clode, Unsplash
Nous ressemblons beaucoup à notre planète. Tout comme nous comptons sur notre cœur, nos poumons et nos muscles pour nous maintenir en vie et en bonne santé, notre planète, elle, compte sur la biodiversité pour faire de même.
Idéalement, la planète compte sur un savant équilibre entre trois différents types de diversité : la diversité génétique, la diversité des espèces, et la diversité des écosystèmes.
- La diversité génétique : Les gènes sont les éléments constitutifs du Vivant. Pour les humains, les gènes déterminent des choses telles que personnalité, traits du visage, couleur de peau, des cheveux et des yeux. La diversité génétique illustre les différences que l'on peut observer entre les membres d'une espèce. Chez les animaux, il s'agit de certains traits ou caractéristiques que les membres d'un groupe ont développé afin de s'adapter à leur environnement. Par exemple, des espèces de papillon de nuit peuvent différer par la couleur et le dessin de leurs ailes.
- La diversité des espèces : Ce type de biodiversité fait état du nombre d'espèces différentes dans une certaine zone, et à leur abondance. Par exemple, dans un environnement forestier, il peut y avoir 94 espèces différentes (par exemple, 30 types d'oiseaux différents, 52 types de plantes différentes, et 12 types de mammifères différents). Ensuite, dans chacune de ces espèces, on trouve un certain nombre d'individus (par exemple, 65 cerfs de Virginie). Cela détermine la richesse d'une région en matière de faune et de flore.
- La diversité des écosystèmes : Un écosystème est un ensemble d'êtres, vivant et s'épanouissant dans leur propre espace protecteur et nourricier. Les plantes, les animaux et l'environnement œuvrent de concert pour assurer le cycle de vie dans une zone donnée. La diversité des écosystèmes renseigne sur les différences qui peuvent être observées au sein des écosystèmes, et entre eux.
Imaginez donc ces trois types de biodiversité comme une tour de kaplas. Si nous en retirons un, ou en plaçons un de travers, cela peut faire basculer ou fragiliser tout l'ensemble. Par exemple, si la diversité génétique commence à décliner dans un groupe spécifique d'animaux, cela aura un impact sur la diversité des espèces de cette zone, et finira par modifier l'équilibre de la diversité des écosystèmes.
C'est ce qui arrive actuellement aux populations animales du monde entier. Par exemple, en Australie, le diable de Tasmanie est au bord de l'extinction en raison de sa faible diversité génétique. En raison du pool génétique très restreint du diable, un cancer rare et contagieux a décimé 80 % de sa population. Cela a entraîné un déclin de la diversité des espèces dans les habitats de Tasmanie, car le renard roux européen a pris la place de prédateur principal du diable, et tué un grand nombre d'espèces endémiques. Lorsque ces espèces locales disparaissent, l'écosystème en est considérablement modifié, ce qui par conséquent, réduit toute la diversité de l'écosystème de Tasmanie.
C'est pourquoi nous devons œuvrer à la protection de tous les types de biodiversité, afin de garantir que notre monde ne s'effondre pas sous la pression de notre inaction.
Les bienfaits de la biodiversité
Source : Michal Jarmoluk, Pixabay
L'humanité doit beaucoup à la biodiversité. Nous lui sommes redevables de la vie que nous menons, et de la façon dont nous en profitons. Nous n'avons même pas conscience des bienfaits de la biodiversité, car notre société moderne s'est trop éloignée de la nature. Alors quels sont exactement ces bienfaits de la biodiversité ?
La biodiversité nous prodigue de mutiples bienfaits, dont :
- L'alimentation. C'est grâce à la biodiversité que nous pouvons produire la plupart de notre alimentation, et approvisionner la planète. La biodiversité permet de maintenir la richesse des sols pour les cultures vivrières, l'apport en eau douce, et garantit la disponibilité d'une grande variété d'aliments répondant à nos besoins nutritionnels.
- La santé. Le maintien d'écosystèmes diversifiés et sains est vital pour réduire la propagation des maladies infectieuses chez les humains, les plantes et les animaux. Lorsque nous envahissons les habitats d'autres espèces, nous courons le risque de contracter les maladies mortelles qu'elles peuvent véhiculer. En fait, bon nombre de nos grandes pandémies mondiales, comme l'épidémie de Covid19 ont été provoquées par des interactions entre humains et autres espèces sauvages. La biodiversité joue également un rôle important dans l'industrie pharmaceutique et, sans biodiversité, de nombreuses espèces de plantes sur lesquelles nous comptons pour produire divers médicaments n'existeraient pas. Selon le Centre pour la diversité biologique, la Terre perd actuellement "au moins un médicament potentiellement important tous les deux ans." Par exemple, le taxol, médicament populaire pour lutter contre le cancer pourrait tout simplement disparaître, puisqu'il est issu d'ifs qui sont menacés d'extinction.
- La croissance économique. Grâce à la biodiversité nous avons développé des entreprises qui prospèrent. Sans elle, nous n'aurions pas une production alimentaire aussi diversifiée pour nourrir nos familles, nous n'aurions pas non plus de groupes pharmaceutiques fournissant une gamme aussi large de médicaments pour soigner nos maladies, ni d'd'agences de voyages nous emmenant à l'aventure pour nous faire découvrir les merveilles de la nature. Nous tenons pour acquis la prospérité que nous confère la biodiversité. Par exemple, on estime que les récifs coralliens génèrent à eux seuls jusqu'à 36 milliards de dollars par an pour l'industrie du tourisme.
- La culture. Toutes les religions, emblèmes nationaux, croyances et récits dans l'histoire culturelle font souvent référence à des plantes et à des animaux existant du fait de cette biodiversité. Avec l'accélération des taux d'extinction, nous risquons de voir disparaître un grand nombre de ces espèces animales et végétales symboliques et chéries. C'est en fait ce qui se produit actuellement, de nombreuses cultures dans le monde entier étant confrontées à la potentielle extinction de précieuses espèces. Les tortues de mer figurent par exemple dans la mythologie hindoue, et les "récits de rêve" des Aborigènes australiens, et elles sont dorénavant menacées d'extinction.
LA NOURRICE DE LA NATURE
Source: Pixabay
L'espèce humaine n'est bien évidemment pas la seule à bénéficier de la biodiversité. Toute la nature en profite aussi. Sans la biodiversité, les divers et nombreux environnements dont nous profitons aujourd'hui n'existeraient plus. Imaginez un monde de paysages désertiques, dépourvu de verdure et de vie, un peu comme sur Mars. C'est ce qui nous attend si nous ne protégeons pas la biodiversité, et si nous l'empêchons de dispenser ses bienfaits :
- La santé des sols. La qualité des sols nous semble peut-être anodine, mais dans la nature, elle est primordiale. Les sols abritent une biodiversité incroyable, de nombreuses espèces, telles que champignons, bactéries, vers et termites Ces minuscules créatures participent au cycle de vie en accomplissant des tâches importantes, décomposant la matière, assurant la croissance des plantes, équilibrant les échanges gazeux, et luttant contre les parasites.
- La qualité de l'eau. Saviez-vous qu'il est possible d'améliorer considérablement la qualité de l'eau d'une région en y introduisant simplement quelques moules ? Ces aspirateurs naturels peuvent filtrer toutes les mauvaises choses qui se retrouvent dans les cours d'eau, et aider à restaurer l'écosystème premier. Ce n'est là qu'un exemple de la manière dont la biodiversité, et les étonnantes créatures qu'elle recèle, peut contribuer à améliorer la qualité de l'eau.
- Le contrôle des espèces. La biodiversité permet d'éviter que certaines espèces ne surpeuplent une zone, et ne fassent des ravages au sein d'un écosystème, en maintenant un bon équilibre entre proies et prédateurs. Rappelez-vous du renard roux européen qui a pris le dessus sur le principal prédateur en Australie, le diable de Tasmanie ? Ces renards auraient contribué à la disparition d'au moins 20 espèces de mammifères australiens car devenus les principaux prédateurs dans des régions où la concurrence pour les proies est minime, voire inexistante. La biodiversité contribue à parer à ce problème en créant des environnements qui favorisent une plus grande diversité d'espèces.
- La qualité de l'air. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l'air semble beaucoup plus frais dans une forêt tropicale ? C'est dû à l'action de la biodiversité. Les plantes et les algues jouent un rôle essentiel en filtrant l'air pour que l'on puisse respirer facilement sur terre. Lorsque la qualité de l'air est moindre, en raison des activités humaines telles que transport routier et aérien, la biodiversité en souffre car ses filtres à air naturels (par exemple, le filtre à air de l'air de la forêt tropicale humide) se bouchent [et ne sont plus aussi efficaces.](http://www.unece.org/environmental-policy/conventions/envlrtapwelcome/cross-sectoral-linkages/air-pollution-ecosystems-and-biodiversity.html#:~:text=Ecosystems%20are%20impacted%20by%20air,ability%20to%20function%20and%20grow.&text=Nutrient%20 overloads%20in%20aquatic%20ecosystems,of%20oxygen%2C%20and%20of%20life).
- La pollinisation. Nous savons à quel point les abeilles sont importantes pour la biodiversité. Mais saviez-vous que d'autres espèces telles que chauves-souris, papillons et coléoptères sont également des pollinisateurs essentiels et donc vitaux pour le maintien de la biodiversité ? Un grand nombre d'espèces dépend des pollinisateurs pour survivre et sans eux, les écosystèmes se dégradent. Par exemple, les chauves-souris jouent un rôle primordial dans la pollinisation des cultures, et des plantes dont se nourrissent les espèces animales autochtones, et dont nous nourrissons aussi. Un monde sans chauves-souris signifierait un monde sans bananes, sans mangues, sans tequila et sans chocolat !
Quand nous prenons conscience de la valeur et des bienfaits de la biodiversité, aussi bien pour nous que pour l'environnement, nous pouvons accomplir de grandes choses. Par exemple, au Royaume-Uni, une zone agricole connue sous le nom de Knepp Estate est passée du statut de friche à celui de sanctuaire de la biodiversité uniquement car des mesures ont été prises pour permettre à la nature d'œuvrer à sa guise. Cela prouve que nous pouvons évoluer dans un monde où nous n'avons pas à sacrifier la biodiversité et tous les bienfaits qu'elle prodigue.
Bon, donc maintenant vous êtes sûrement impatient de savoir ce que vous pouvez entreprendre pour aider. Mais pour cela, examinons d'abord les activités responsables du déclin de la biodiversité.
ADIEU BIODIVERSITÉ... MAIS QUELLE EST LA CAUSE DE SON DÉCLIN ?
Source : Free-Photos, Pixabay
Dans leur rapport 2019, les Nations unies ont identifié cinq principales causes du déclin "dangereux" et "sans précédent" de la biodiversité dont l'homme est responsable :
1. Les changements de pratiques d'exploitation de la terre et des océans
Les humains sont des explorateurs nés. Tout au long de l'histoire, nous avons été très fiers de conquérir de nouvelles terres et de parcourir les mers les plus sauvages. Mais à quel prix ? Nos découvertes nous ont amenés à considérer l'environnement comme une ressource disponible pour satisfaire nos besoins. Alors que nous continuons à exploiter davantage terres et océans, car nous sommes plus nombreux, et que notre avidité est insatiable, la biodiversité en souffre. Par exemple, les deux écosystèmes les plus riches en biodiversité sur Terre (à savoir les forêts tropicales, et les récifs coralliens) ont énormément souffert des activités humaines. Notre consommation de viande et notre soif de toujours plus d'espace sont responsables de la disparition de plus de 150 acres de forêt tropicale chaque minute par jour. En outre, notre inconstance à l'égard de la biodiversité océanique a déjà provoqué la disparition ou la dégradation de la moitié des récifs coralliens du monde.
2. La surexploiation d'autres espèces
Tout au long de l'histoire, les humains ont eu tendance à considérer la nature comme une source inépuisable de nourriture, d'eau et d'habitat, mais nous commençons seulement à comprendre que ces ressources ne sont pas infinies, et que nous avons déjà dépassé ces limites.
C'est particulièrement manifeste si l'on considère par exemple la catastrophe de la surpêche, devenue l'une des plus graves menaces pour la biodiversité des océans. La demande mondiale de poisson a conduit de nombreuses espèces de poissons au bord de l'extinction. Nous savons que la biodiversité est sensible à un déséquilibre entre les espèces. Ainsi, lorsque les populations de poissons se réduisent, cela a évidemment un impact sur les autres espèces de prédateurs et de proies dans l'océan, provoquant un déséquilibre dans l'écosystème.
Prenons l'exemple de Monterey Bay, ce port de pêche sur la côte en Californie, se targuait autrefois d'une industrie de la pêche florissante due au grand nombre de sardines qu'elle hébergeait, et pourtant la surpêche a provoqué l'effondrement total de la population de sardines au grand dam des humains et des autres espèces. Les humains ont perdu leurs moyens de subsistance, et les espèces animales qui dépendaient de la sardine pour se nourrir ont perdu la vie. Cela prouve bien que lorsque nous prélevons plus que notre juste part sur la nature, nous en subissons les douloureuses conséquences, et y entrainons d'autres espèces au passage.
3. Le dérèglement climatique
Source : Francesco Ungaro, Unsplash
Nous sommes des animaux intelligents, dotés de cerveaux qui nous ont permis de développer des activités et des techniques qui nous confèrent une certaine qualité de vie. Bien que ce soit tout à notre avantage, ce n'est hélas guère aussi bénéfique pour la planète. Plus nos industries se sont développées, plus notre dépendance à l'environnement s'est accrue. Nous abattons des arbres par milliers pour faire pâturer des animaux qui finissent dans nos assiettes, et brûlons de précieuses ressources que nous extrayons du sol pour alimenter nos maisons en énergie. Ces activités relâchent en permanence dans l'atmosphère des gaz naturels (dioxyde de carbone, méthane, oxyde d'azote) contenus dans les arbres et la terre . Il en résulte l'une des plus graves et terrifiantes menaces pour l'humanité, et toute la vie sur Terre : le dérèglement climatique.
Nous en sommes arrivés à un point où ce dérèglement prend une dimension terrifiante. Les glaciers de l'Antarctique fondent, le niveau des eaux monte et les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes et dangereuses, mais c'est l'impact de ce bouleversement climatique sur la biodiversité qui s'avère l'une des plus grandes tragédies de notre époque. Il a contribué à accélérer le taux d'extinction des espèces en forçant plantes et animaux à évoluer dans des environnements qui ne sont plus adaptés à leurs besoins.
Par exemple, certaines des plus petites créatures océaniques, essentielles à la biodiversité marine (phytoplancton, corail, mollusques et crustacés) ont beaucoup de mal à s'adapter à l'augmentation des températures mondiales. Du fait de la modification du PH de l'eau des océans due à l'augmentation des taux de dioxyde de carbone, et à la hausse de la température, ces organismes se meurent. L'impact du déclin de ces espèces se répercute sur toute la chaîne alimentaire, et d'autres espèces en souffrent également, leur nourriture et leur habitat disparaissant. L'extinction des espèces est un problème majeur et généralisé.
4. La pollution
L'exploitation de l'environnement par l'homme se traduit aussi par ce statut de terrain vague, de décharge que l'homme confère à la nature. Nos activités destructrices ont saturé l'air, l'eau et la terre de pollutions diverses. Saviez-vous qu'entre [4,8 et 12,7 millions de tonnes](https://www.nhm.ac.uk/discover/quick-questions/how-much-plastic-is-in-the-ocean.html#:~:text=Entre 204,8 %20 et 2012,7 %20millions, une menace de 20 %20 à 20 %20marine20life.) de plastique sont rejetées dans l'océan chaque année ? Il n'y a donc rien d'étonnant que pas moins de 700 espèces océaniques soient aujourd'hui menacées d'extinction en raison de la pollution plastique.
Nous devrions nous aussi nous inquiéter de cette pollution par le plastique. Les microplastiques (c'est-à-dire les minuscules particules de plastique) sont maintenant présents dans l'air que nous respirons, la nourriture que nous mangeons, et l'eau que nous buvons. Les scientifiques n'ont pas encore pleinement estimé les conséquences de ce phénomène sur notre santé, mais d'après son impact sur les poissons, et les autres animaux marins, cela n'augure rien de bon.
Et il ne s'agit là que d'un aspect de la pollution qui ravage notre planète. D'autres problèmatiques telles que déchets, déversement de produits chimiques toxiques, et marées noires ont également un impact terrible sur la biodiversité, modifiant la qualité des sols, de l'eau et de l'air dans le monde entier.
Mais autant nous ne pouvons qu'aggraver les choses, autant nous sommes aussi en capacité de faire bien mieux. La pandémie de Covid19 a parfaitement illustré combien nous bénéficions de l'amélioration de la qualité de l'air et de l'eau.
5. Les espèces invasives
Source : Brian Wangenheim, Unsplash
Ce n'est pas pour rien que des histoires de chats et de cochons font souvent la une des infos. Ce sont des espèces envahissantes reconnues qui représentent une mauvaise nouvelle pour l'environnement. Une espèce invasive est un animal, une plante ou une autre espèce (par exemple, un virus) qui a été introduit dans une zone sur laquelle il n'était auparavant pas présent .
Ces espèces prolifèrent souvent d'un endroit à l'autre via l'activité humaine telle que le commerce, les voyages et le transport maritime. Une fois qu'elles s'implantent dans leur nouvelle zone, elles peuvent bouleverser considérablement l écosystème premier en en perturbant l'équilibre naturel de la biodiversité.
Il existe nombre de récits dans le monde entier relatant combien des espèces invasives sont devenues une menace sérieuse pour les espèces végétales et animales autochtones. L'une de ces histoires est celle d'un minuscule insecte qui a décidé de s'embarquer sur un bateau entre l'Asie et les États-Unis dans les années 1950. Ce minuscule insecte, le puceron lanigère de la pruche aura détruit 80 % des pruches de l'Est des États-Unis d'ici 2022. Il en résulte que les oiseaux qui dépendaient uniquement de ces arbres pour nicher, et se protéger des prédateurs ont presque complètement disparu. On estime que les animaux des cours d'eau forestiers souffriront aussi de la hausse annoncée de la température de l'eau du fait de la perte de l'ombre que les arbres fournissaient auparavant. Cela signifie que les animaux qui dépendent de températures d'eau plus fraîches pour survivre (par exemple, les truites) commenceront à diminuer en masse. Ce sont beaucoup de dégâts causés par un petit insecte !
Depuis les opossums en Nouvelle-Zélande, aux écureuils gris au Royaume-Uni, l'histoire est la même. La biodiversité se voit altérée, et l'environnement acculé à ses limites à l'arrivée d'espèces envahissantes.
ENRAYER L'EFFONDREMENT DES ESPÈCES
Source : PublicDomainImages, Pixabay
Nous en sommes aussi arrivés à ce point où nous devons nous poser une question très difficile : sommes-nous prêts à sacrifier nos propres vies, et celles des espèces avec qui nous partageons la planète au nom du profit et de la croissance continus ? Nous sommes à la croisée des chemins, et c'est maintenant qu'il va falloir prendre une décision.
L'homme ne sait pas seulement depuis hier qu'il est essentiel pour sa propre survie d'enrayer l'effondrement de la biodiversité. Mais qu'avons-nous fait jusque-là ? Notre réponse à l'une des plus grandes urgences environnementales qui ait jamais existé a été lamentable. Un récent rapport des Nations unies a même révélé que pas un seul des 20 objectifs des gouvernements pour lutter contre le déclin de biodiversité il y a plus de 10 ans n'a été pleinement atteint.
Il reste néanmoins probablement une lueur d'espoir. Malgré les échecs, il y a cependant eu quelques progrès allant dans le sens d'une amélioration de la situation. Il y par exemple, davantage d'espaces terrestres et maritimes désormais protégées par des lois environnementales, davantage d'argent consacré à des projets autour de la biodiversité, et la sensibilisation et les connaissances du grand public en matière de biodiversité se sont aaccrues grâce aux efforts communs des gouvernements entre autres. Lors d'un récent sommet des Nations unies sur la biodiversité, il a été révélé que sept espèces de mammifères (comme le putois d'Amérique) ont été sauvées de l'extinction au cours de la dernière décennie grâce aux projets de préservation mis en place par les accords de 2010.
Et bien que cela ne suffise pas à démontrer que nous soyons en mesure de changer de cap, inspirons-nous du passé. L'histoire a prouvé que les mesures que nous prenons pour protéger l'environnement peuvent changer la donne. Par exemple, en 1987, un traité international a été signé pour interdire l'utilisation de produits chimiques nocifs connus sous le nom de chlorofluorocarbones (CFC) contenus dans les réfrigérateurs, climatiseurs, et aérosols, car on savait qu'ils détruisaient la couche d'ozone. Depuis lors, la quantité de CFC présents dans l'atmosphère a régulièrement diminué. C'est une victoire environnementale qui a prouvé que nous avons le pouvoir de sortir de l'impasse.
Et ce pouvoir ne repose pas seulement entre les mains des gouvernements et des organisations environnementales. Nous avons aussi le pouvoir de créer le changement. Nous pouvons toutes et tous contribuer à protéger et à préserver la biodiversité en agissant individuellement, en prenant conscience de nos propres comportements et de leur impact sur l'environnement, nous pouvons faire quelques petits gestes en faveur de la planète.
IL EST TEMPS D'AGIR : EN QUOI PEUT-ON AIDER CONCRÈTEMENT ?
Source : NickyPe, Pixabay
Voici trois choses que vous pouvez entreprendre pour contribuer à enrayer l'effondrement de la biodiversité.
Réduire votre empreinte écologique
L'idéal pour réduire votre propre impact sur l'environnement , c'est de minimiser votre empreinte écologique. L'empreinte écologique mesure la quantité de ressources naturelles que nous consommons (eau, gaz, terres cultivées, forêts, etc.). Vous pouvez calculer la vôtre ici. En réduisant votre empreinte écologique, vous contribuez à ralentir la demande en ressources et services qui menacent la biodiversité.
Cinq mesures simples pour réduire votre empreinte écologique :
1. Manger moins de viande et de produits laitiers
2. Réduire l'utilisation de plastique à usage unique
3. Économiser l'eau
4. Opter pour des énergies à faible teneur en carbone
5. Consommer des produits écologiques et durables
Réduire son empreinte écologique ressemble beaucoup à réduire son empreinte carbone (c'est-à-dire la quantité d'émissions de CO2 que l'on relâche dans l'atmosphère). Ces deux mesures vous permettront de réduire votre consommation, et votre utilisation des ressources de la planète.
2. Plaider pour que le gouvernement prenne des mesures
On ne pourra pas enrayer le déclin de la biodiversité sans que les gouvernements n'adoptent des lois, et ne financent des projets qui la préservent. Il est nécessaire de prendre des mesures drastiques et urgentes, et pour y parvenir, de faire pression sur les chefs de gouvernement afin qu'ils fassent de la biodiversité une priorité.
Il est certes aussi possible d'exprimer nos préoccupations environnementales, et de contribuer à faire advenir le changement en faisant entendre notre voix, et en votant. En fonction de notre pays de résidence, et de ce que nous nous sentons prêts à faire, nous pouvons toujours écrire à nos élus locaux pour leur faire part de nos angoisses concernant l'effondrement de la biodiversité, et aussi voter pour des partis dont le programme comprend ces problématiques environnementales.
À quoi cela aboutirait ? Plus les gens s'exprimeront à ce sujet, plus les gouvernements seront sous pression, et acculés à prendre les mesures nécessaires.
3. Rejoindre la rébellion contre l'extinction de masse
Source : Markus Spiske, Unsplash
Nous sommes arrivés à un point crucial et sans précédent dans l'histoire de l'humanité, à un moment où nous avons la possibilité de repenser nos priorités vis-à-vis de l'état de la planète. La pandémie de Covid19 a stoppé nombre d'activités humaines destructrices, et l'environnement en a largement bénéficié.
Si nous continuons comme si de rien n'était, et refusons d'opérer les changements nécessaires pour empêcher l'effondrement de la biodiversité, nous pourrons dire adieu à ce précieux système du Vivant. De nombreux grands groupes ont jusqu'à présent freiné des quatre fers, et sont restés rétifs à des changements de pratiques. Dans leur quête incessante de profit et de pouvoir, ces entreprises ont terriblement dégradé l'environnement.
À l'heure où le dérèglement climatique et le déclin de la biodiversité menacent sérieusement la santé et le bien-être de l'humanité, il est clair qu'il faille faire quelque chose. Et vite. Ne manquons pas cette occasion de changer de trajectoire.
Il est temps de s'unir et de s'indigner contre le business as usual , attitude inexcusable de celles et ceux qui sont au pouvoir. Il est temps lutter pour l'avenir de notre planète, et la survie de toutes les formes de vie sur terre, au nom de la biodiversité, ce système hautement nourricier, fragile, et complexe qui fait la beauté de la Terre sa beauté, et nous permet de vivre.
Il est temps de se rebeller contre cette extinction de masse.