La baie de San Francisco pendant les feux de forêt de 2020 en Californie. Photo : Miklovi, Unsplash.
La crise écologique et climatique est en cours
Nous devons agir immédiatement pour éviter des souffrances humaines indicibles, et des dommages irréversibles au monde naturel.
Les gouvernements du monde entier rechignent à agir, refusant toujours de reconnaître que cette double crise nous menace gravement et de manière imminente.
Sans leadership, les citoyens, les entreprises et les institutions manquent d'orientation et d'objectif dans la lutte contre ce cauchemar écologique et climatique qui s'aggrave un peu plus chaque jour, ce qui nous met toutes et tous, ainsi que notre planète, dans une situation désespérément dangereuse.
C'est bien pour ça que “Tell the Truth” est la première des [trois revendications](https://rebellion.global/about-us/ d'Extinction Rebellion).
Nous exigeons de nos gouvernements qu’ils relaient la vérité en déclarant l’urgence écologique et climatique, en travaillant de concert avec les médias et d’autres institutions, et qu’ils communiquent sur l’urgente nécessité à générer le changement.
Qu'en disent les scientifiques ?
La communauté scientifique s'accorde à dire que les brusques changements climatiques rapides, et l'effondrement écologique ne sont pas les problèmes de demain : nous les vivons aujourd'hui.
En 2018, le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat ) nous avertissait que des mesures urgentes devaient être prises pour maintenir la hausse des températures mondiales sous la barre des 1,5 °C par rapport aux moyennes préindustrielles.
Le groupe d'experts a précisé qu'échouer à ne pas dépasser ce seuil, entraînera des conséquences catastrophiques pour l'économie mondiale, et aura un impact dévastateur sur les communautés et les écosystèmes du monde entier.
Ils ont également confirmé que la fréquence accrue de phénomènes météorologiques extrêmes, l'élévation du niveau des eaux, et la fonte des glaces arctiques sont la conséquence directe du réchauffement de la planète de 1°C, causé par l'homme depuis le début de l'ère industrielle.
En avril 2020, le GIEC a constaté que les moyennes de températures mondiales sont déjà sur le point d'atteindre un réchauffement de 1,5° entre 2030 et 2052 : une réalité qui causerait des "dommages irréversibles", accélérant encore la crise car la fonte de l'arctique libèrerait des milliards de tonnes de gaz toxiques dans l'atmosphère, accélérant encore le réchauffement et ses conséquences mortelles. Plus alarmant encore, le taux actuel d'émissions mondiales nous place sur une trajectoire d'un réchauffement de 3 à 4°C d'ici seulement 80 ans.
En plus du réchauffement de la planète, la destruction des habitats, la surconsommation, et la pollution sont autant de symptômes du deuxième signe avant-coureur d'une catastrophe planétaire : l'effondrement de la biodiversité dans le monde entier.
Plusieurs études concluent effectivement que nous vivons maintenant la sixième extinction de masse des espèces. La Terre a connu cinq de ces extinctions de masse au cours des quelques 540 derniers millions d'années, et lors de chacune d'elles, plus des trois quarts des espèces se sont éteintes en un rien de temps à l'échelle géologique.
Cette fois, le taux d'extinction est sans précédent, à savoir 100 à 1 000 fois plus rapide que par le passé.
Qu'est-ce que cela signifie pour nous ?
Inondations dans la région de Bingley, Bradford, Royaume-Uni, 2015. Photo : Chris Gallagher, Unsplash.
Quand on parle d'un, de deux, trois ou quatre degrés de réchauffement, on peut facilement minimiser de si petits chiffres, et feindre d'ignorer l'ampleur des dégâts et des perturbations qu'ils signifient pour nous, nos familles et nos amis, nos semblables et notre mode de vie commun.
Ce manque d'imagination passe sous silence ce qui nous attend si nous n'agissons pas maintenant. Les scientifiques estiment que la vie sur terre va changer au point d'être méconnaissable sur une planète qui se réchauffe. Dans un monde qui ne se réchaufferait que de 2°C , les scientifiques énoncent que :
- Le niveau des eaux pourrait s'élever de 60 cm en moyenne.
- Trente millions de personnes habitant des zones côtières, du Bangladesh aux États-Unis, pourraient être inondées chaque année d'ici 2055.
- 37 % de la population mondiale pourrait endurer de graves périodes de canicule au moins une fois tous les cinq ans.
- 388 millions de personnes pourraient être confrontées à des pénuries d'eau, et 195 millions de personnes seront exposées à de graves sécheresses.
- Le PIB mondial par habitant pourrait chuter de 13 % d'ici 2100, tandis que le non-respect des objectifs des accords de Paris établis en 2015 pourrait causer des pertes mondiales allant de 150 000 à 790 000 milliards de dollars - soit jusqu'à 7,5 fois le PIB mondial actuel.
(D'après une analyse de Carbon Brief portant sur 70 études co-signées et validées par des pairs.)
De plus, les Nations unies et la Banque mondiale estiment qu'il y aura entre 140 et 200 millions de réfugiés climatiques d'ici 2050, le réchauffement continuant à causer des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et intenses.
Les conséquences de la crise écologique sont tout aussi graves pour nous que pour notre planète. Les nations exploitent les ressources naturelles de la planète à un rythme plus rapide que leur capacité à se régénérer. Si cela continue, non seulement nous perdrons ces merveilles de la nature, mais notre planète ne sera plus en mesure de supporter l'économie mondiale, et notre qualité de vie dans les prochaines décennies.
Qu'il s'agisse de l'effondrement des populations d'insectes pollinisant nos cultures ou de celui des poissons qui nourrissent des milliards de personnes dans le monde, le Vivant tel que nous le connaissons deviendra beaucoup plus instable et vulnérable dans les années à venir si aucune mesure n'est prise pour enrayer l'effondrement de la biodiversité.
Comme l'explique le célèbre naturaliste britannique, Sir David Attenborough : “
Il ne s'agit pas seulement de la disparition des merveilles de la nature. En laissant disparaitre même les plus petits organismes, nous déstabilisons les écosystèmes du monde entier, et risquons à terme de les faire s'effondrer, ces réseaux qui maintiennent la vie sur Terre.
Sir Robert Watson, qui préside la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, aborde la menace de la même manière :
La santé des écosystèmes dont nous et toutes les autres espèces dépendons, se détériore plus rapidement que jamais. Nous érodons les fondements mêmes de nos économies, de nos moyens de subsistance, de notre sécurité alimentaire, de notre santé et de notre qualité de vie dans le monde entier.
Cette vérité doit être relayée et nous devons agir pour éviter l'emballement d'une série de points de non-retour irréversibles qui déstabiliseront à jamais la vie sur terre telle que nous la connaissons.
Climatosceptisme, inaction et mensonges
Photo : Micaela Parente, Unsplash.
Malgré les preuves évidentes de la crise climatique et écologique, les gouvernements échouent lamentablement à y faire quoi que ce soit. En se mentant à eux-mêmes, et en nous mentant à ce sujet, ils représentent l'un des plus grands obstacles pour sauver des gens comme vous et moi d'une prochaine et terrifiante réalité .
L'accord de Paris de 2015 engage les pays participants à limiter et à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de maintenir le réchauffement planétaire "bien en dessous" de 2°C par rapport aux relevés de températures de l'ère préindustrielle.
Pourtant, non seulement la majorité des gouvernements du monde échouent à atteindre ces objectifs trop peu ambitieux, et en plus ils ignorent clairement les impacts actuels et potentiels du dérèglement climatique et de la catastrophe écologique, ou mettent en œuvre des mesures minimisant la gravité de la situation.
Nos gouvernements continuent de soutenir, et de financer les entreprises qui poursuivent leurs activités destructrices et suicidaires, ne se vouant qu'à un moto "business-as-usual-profit-at-any-cost" (on continue notre business à tout prix).
L'inaction face au dérèglement climatique se poursuit malgré les preuves avancées, et les alertes répétées des scientifiques depuis plus de 40 ans, à commencer par la première conférence mondiale sur le changement climatique en 1979, suivie d'autres rassemblements internationaux, dont le sommet de Rio en 1992, le protocole de Kyoto en 1997, et l'accord de Paris en 2015.
Voici un bref aperçu de certains des principaux acteurs de la scène internationale, en septembre 2020, selon le Climate Action Tracker , une organisme scientifique indépendant qui évalue l'action réelle des gouvernements par rapport à l'objectif mondial fixé pour 2015, à savoir maintenir le réchauffement en dessous du seuil des 1,5°C.
États-Unis
Les efforts des États-Unis pour limiter les risques sont jugés "sérieusement insuffisants", car ils sont en train de se retirer de l'accord de Paris, abandonnant les engagements fixés au niveau national, qui constituaient la base de leur promesse d'agir.
Chine
Les mesures prises par la Chine en matière de climat sont jugées "extrêmement insuffisantes", compte tenu de l'engagement pris à recourir à 10 % de gaz et à 20 % de combustibles non fossiles dans son parc énergétique d'ici 2030.
Les promesses du gouvernement chinois sont bien en deçà de ce qui est nécessaire pour maintenir le réchauffement en dessous de 2°C, sans parler de le limiter à 1,5°C comme l'exige l'accord de Paris, et le mette sur la trajectoire d'un réchauffement de 3 à 4°C au-delà de 2030.
Il est à noter qu'en tant que premier émetteur de gaz à effet de serre au monde, représentant environ 27 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), les actions de la Chine, tant au niveau national qu'international, ont un impact énorme sur les émissions mondiales de GES.
Royaume-Uni
Les mesures prises par le gouvernement britannique pour respecter l'objectif d'ici 2030, à savoir une réduction de 57 % des émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990, est jugé "insuffisant" pour limiter le réchauffement à moins de 1,5 °C.
Allemagne
Les mesures prises pour respecter l'objectif de réduction de 55% des émissions en Allemagne d'ici 2030 sont jugées "très insuffisantes", et doivent absolument être renforcées pour respecter l'accord de Paris.
Russie
L'engagement climatique de la Russie est jugé "sévèrement insuffisant", dans la mesure où il correspond à un réchauffement de plus de 4°C. Cela signifie que les engagements fixés au niveau national ne peuvent être considérés comme une véritable tentative de maintenir le réchauffement en dessous de 2°C, sans même évoquer le seuil des 1,5°C de l'accord de Paris.
Il est à noter que la Russie est le quatrième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde - après la Chine, les États-Unis et l'Inde. Ses émissions par habitant sont de surcroît parmi les plus élevées au monde : 53 % de plus qu'en Chine, et 79 % de plus qu'en Europe, mais 25 % de moins qu'aux États-Unis.
Brésil
Les engagements fixés au niveau national au Brésil pour 2025 et 2030 sont jugés "insuffisants", et incompatibles avec le fait de se maintenir sous la barre des 1,5°C, comme établi lors de l'accord de Paris, et correspond plutôt à un réchauffement entre 2°C et 3°C.
Inde
Les politiques climatiques de l'Inde sont jugées "compatibles avec une hausse de la température de 2°C" par le Climate Action Tracker, ce qui isignifie que leur engagement climatique pour 2030 est considéré comme une contribution équitable de l'effort mondial, bien qu'il soit encore bien en deçà de ce qui a été convenu à Paris en 2015.
L'Australie
Les engagements fixés au niveau national en Australie pour 2030 sont également jugés "insuffisants ", ce qui signifie que l'engagement pris en 2017 n'est pas compatible avec le fait de se maintenir sous la barre des 2°C, sans même évoquer les 1,5°C de l'accord de Paris, et qu'il correspond plutôt avec un réchauffement entre 2°C et 3°C.
(Vous pouvez consulter leur site : climateactiontracker.org pour les dernières mises à jour).
Mais attendez ! Ce n'est pas tout...
En matière de catastrophe environnementale, le monde n'a même pas atteint l'un des objectifs fixés en 2010 pour minimiser les dommages causés au monde naturel, selon les Nations unies. En fait, les gouvernements n'ont atteint aucun de leurs objectifs depuis 20 ans.
En attendant, les alertes sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité ne font que s'accentuer. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a récemment révélé que 21 000 espèces animales ont été réduites de près de 70 % depuis 1970. "Les impacts catastrophiques pour l'espèce humaine et la planète n'ont jamais été si palpables", avertit le WWF. Le rapport de l'IPBES estime lui qu'un million d'espèces animales et végétales sont menacées d'extinction du fait des activités humaines humaine dans les années à venir.
Dire la vérité
Une rebelle à Londres, septembre 2020. Photo : Ehimetalor Akhere Unuabona, Unsplash.
Les gouvernements ont suffisamment tardé à agir. L'état avancé des crises actuelles est la preuve qu'une rhétorique vide ne suffit simplement pas pour commencer à enrayer la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Nous ne pourrons désormais éviter les pires scénarios que si les gouvernements relaient la vérité sur la crise écologique et climatique, et agissent maintenant.
On nous a menti pendant trop longtemps.
Ce n'est qu'en disant la vérité que nous pourrons commencer à prendre les mesures urgentes qui s'imposent, tant au niveau national qu'international.
C'est bien pour ça que “Tell the Truth” est la première des trois revendications d'Extinction Rebellion.
Nous exigeons de nos gouvernements qu’ils relaient la vérité en déclarant l’urgence écologique et climatique, en travaillant de concert avec d’autres institutions, et qu’ils communiquent sur l’urgente nécessité à générer le changement.
Dire la vérité et Agir maintenant
- nos vies et notre planète en dépendent.