Intro
Des coussins roses au spray au poivre : rétrospective n°1 de la Rébellion d’Automne.
Dans ce premier numéro d’une série rétrospective, nous revenons ensemble sur la Rébellion d’Octobre. Nous vous livrons des comptes-rendus qui ne pouvaient être mis sur page qu’une fois le feu de l’action passé.
Il ne fait aucun doute que cette Rébellion a vu XR croitre massivement à travers le monde – en termes de nombres, d’intensité, de créativité, de visibilité et plus encore. Nous avons constaté une explosion dans la diversité des profils affichant leur soutien pour le mouvement, avec des membres de familles royales, des acteurs, des journalistes et des politicien.ne.s mettant leurs voix en soutien à XR, et certain.e.s se faisant même arrêter.
Des rebelles de tous pays ont développé leur supers pouvoirs de désobéissance civile, et ont mis en œuvre des tactiques nouvelles et créatives. Dans ce numéro, nous verrons comment la solidarité internationale entre rebelles a pu servir les manifestations en Europe Centrale (Slovaquie, République Tchèque).
Nous avons simultanément constaté une escalade de la réponse policière vis-à-vis d’XR, de manière parfois choquante et brutale. Plus encore que durant la Rébellion d’Avril, la force brute semble être utilisée afin de soutenir le déni de la catastrophe climatique et écologique en cours. Les rebelles ne se laissent toutefois pas décourager, même lorsque confrontés à des publics encore très peu sensibilisés à l’urgence de la situation (p.ex. République Tchèque, Italie).
La période de procès pour les participant.e.s à la Rébellion a débuté – et nous ne parlons pas que des braves rebelles arrêté.e.s lors d’actions : des enquêtes sur les abus de la police ont été ouvertes en Belgique et au Royaume-Uni. L’heure est aussi aux excuses là où elles sont nécessaires, comme par exemple dans le communiqué d’XR Belgique aux participant.e.s et aux passant.e.s pris dans la violence de l’action policière.
Cette newsletter rétrospective comporte des passages plus détaillés qui permettent aux rebelles de partager leur expérience de la Rébellion d’une manière plus intime. Nous sommes frappés par l’humanité des personnes faisant grève de la faim en Italie ; par la douleur du rebelle de 14 ans en Slovaquie, brutalement délogé par la police. Les photos mettent à nu tout un spectre d’émotions – effronterie, colère, perplexité, détermination, espièglerie. Cela nous rappelle notre humanité complexe, mais commune.
Toutes ces réflexions nous aident à brosser le portrait de ce maelstrom que fut la Rébellion. Il devient apparent que ce que nous avons perdu en innocence, nous l’avons gagné en nombres, en détermination, en compétences et en solidarité.
Quoique l’avenir nous réserve, ceci au moins demeure clair : nous sommes à présent une communauté véritablement internationale, et nous ne nous arrêterons pas avant d’obtenir le changement nécessaire.
Si vous aimeriez aider, veuillez s’il-vous-plait consulter notre guide afin d’en apprendre plus sur XR.
Afin de faire connaissance avec des rebelles près de chez vous, contactez votre groupe local XR le plus proche. S’il n’y a pas de groupe actif à proximité, vous pouvez créer le vôtre !
Si vous souhaitez consulter des numéros précédents de la newsletter, vous les trouverez ici.
Alors que nous entrons dans une phase cruciale de l’histoire de l’Humanité, notre Rébellion aura besoin d’argent afin de s’assurer que notre message soit entendu. Tout ce que vous pouvez donner est apprécié.
Contenu
- Points forts des actions
- Retours
- Contenu XR
- Nous sommes XR
Points forts des actions
Cette ville ne dort jamais...
20 – 25 Octobre | Londres, Royaume-Uni
Octobre fut un mois de folie pour les Rebelles britanniques. Pour les nombreux.se.s qui ont poussé jusqu’au bout de leur cœur et de leurs muscles, le temps est venu pour un peu de repos bien mérité.
Mais certain.e.s poursuivent toujours la lutte, avec des manifestations créatives et puissantes.
Dimanche, un petit groupe de rebelles a fini à poil sur le parquet de la National Portrait Gallery, alors que d’autres les aspergeaient de faux pétrole. La galerie abrite la BP Portrait Award, une exposition financée par le géant du pétrole et du gaz « Beyond Petroleum ». L’action mettait en lumière la destruction tragique du vivant causée par les forages et les déversements de compagnies telles que BP.
Le jour suivant, les familles et enseignants XR ont appelé au Département de l’Education à « dire la vérité » et à faire entrer l’urgence climatique dans le cursus scolaire.
« L’effondrement climatique et écologique va orienter la vie de chaque enfant sur Terre aujourd’hui » a affirmé un.e rebelle, « mais c’est difficile pour eux de prendre la chose au sérieux quand cela ne figure pratiquement pas au programme de leur éducation ».
De petits rebelles ont aussi organisé le tout premier love-in au Maritime Museum. Unis par le chant, ils se sont montrés solidaires avec les familles par-delà le monde souffrant déjà du changement climatique, en particulier avec celles et ceux du « Sud ». Ils ont aussi rendu visite à la nouvelle résidence de notre bateau Polly Higgins afin de rendre honneur au combat de Polly visant à faire de l’écocide un crime.
Retours
Octobre fut le théâtre d’un tel foisonnement qu’il serait impossible de tout rapporter. Cette semaine, nous vous livrerons néanmoins des réflexions sur l’activité de rebelles des quatre coins du globe. A chaque pays et chaque rébellion ses joies, ses peines et sa saveur unique ! En avant pour l’inspiration !
La Culture Politique sous le choc en France
5-13 Octobre | Paris, France
La Rébellion d’Octobre a permis à XR de se présenter aux médias et au monde politique français, ainsi qu’à une grande partie de la population. Cette introduction exceptionnelle avait pour but de séduire plus de rebelles et de mener ainsi à des actions encore plus perturbatrices et spectaculaires.
Il ne fait aucun doute que cette semaine de campagne de désobéissance civile non violente a crée des ondes de choc dans les sphères politiques et militantes du pays de « La Grande Révolution ». Les buts politiques et les méthodes d’XR ont pu paraitre, aux yeux d’autres mouvements contestataires en France, comme étranges, en particulier à ceux de la gauche radicale.
Le soleil se couche sur une cinquième journée d’occupation au centre de Paris
Le départ d’XR des méthodes plus « traditionnelles » de manifestation, ainsi que son message politique, lui ont valu des critiques de la part de mouvements sociaux et anti-autoritaires, de commentateurs publiques ainsi que d’académiques. Ces retours d’information méritent certainement d’être entendus et pris en considération, même s’ils révèlent un certain côté réactionnaire de la gauche française.
Ces critiques pourraient aider XR France à mûrir, afin de provoquer des perturbations fructueuses et de créer de l’inspiration pour d’autre mouvements sociaux dans le pays.
En effet, la Rébellion d’Automne a permis à XR France ainsi qu’à d’autres mouvements tels que les Gilets Jaunes de gagner en impact, à la fois de la par leur stratégie mais aussi leurs visées politiques et leur communication.
Après avoir commencé à nouer des alliances dès le premier jour de la Rébellion, il nous faut à présent réfléchir à la meilleur façon de collaborer afin d’aller de l’avant ensemble.
Le 5 Octobre XR a occupé, en partenariat avec les Gilets Jaunes et d’autres mouvements, un centre commercial à Paris.
Face aux défis qui nous attendent, il nous faudra peut-être admettre ensemble qu’il est nécessaire de déployer un spectre de tactiques plus exhaustif afin d’atteindre notre but commun : démanteler les structures toxiques qui sont la source de notre urgence actuelle.
Vous pouvez lire une analyse complète ainsi qu’une réponse aux critique de la Rébellion française ici.
La Rébellion Slovaque : Doucement, nous écrivons l’Histoire
7-12 Octobre | Bratislava, Slovaquie, et Prague, République Tchèque
Le premier swarming de l’Histoire de Slovaquie
Nous sommes le matin du lundi 7 Octobre, le premier jour de la Rébellion pour tant de personnes de par le monde. Vingt rebelles slovaques investissent en file indienne un passage piéton devant le Ministère des Affaires Economiques à Bratislava.
Mais plutôt que de traverser la rue, les rebelles la bloquent. Deux grandes banderoles XR peintes à la main sont déployées pour faire face au trafic en approche.
Les conducteurs semblent perplexes, ne comprenant pas ce qui leur arrive. Un chauffeur de bus se met en colère et continue d’approcher lentement son véhicule des rebelles, criant et gesticulant depuis son siège. Heureusement, les sept minutes convenues s’égrènent avant que les choses ne tournent au vinaigre, et les Rebelles s’effacent comme la marée.
Le trafic revient à la normale et la police n’est pas arrivée sur site. C’est comme si rien ne s’était produit. Pourtant, les Rebelles radieux savent qu’il n’en est rien : il s’agissait de leur toute première action, et du premier swarming jamais organisé en Slovaquie. Ils ont vécu sept minutes d’Histoire.
Plus tard le même jour, les rebelles notifient la presse nationale slovaque de cet état de fait. Ils tiennent ensuite une conférence sur comment transformer les déchets ménagers en composte pour le jardin. L’intérêt de la presse est toutefois assez faible : le lendemain matin, un seul journal aura publié l’histoire.
XR Slovaquie n’existe que depuis quelques mois et ses nombres sont encore modestes. Malgré cela les actions se multiplièrent rapidement durant la Semaine de Rébellion. Le Mercredi 9 Octobre, un groupe de septante cyclistes a parcouru Bratislava, passant devant plusieurs ministères et créant des embouteillages partout. La police n’est toujours pas intervenue, et personne ne fut arrêté.
Trois femmes slovaques en première ligne d’un blocus rebelle à Prague
Le lendemain jeudi 10 Octobre, douze rebelles prirent le bus pour Prague afin de rejoindre leurs frères et sœurs tchèques. Tous participèrent au blocage du samedi, qui vit la police tchèque nasser presque 200 rebelles, blessant deux femmes et une adolescente au passage.
Le statut d’étrangers des Slovaques leur aura même servi : Les complications administratives supplémentaires liées à leurs pièces d’identité étrangères signifiaient que la police tchèque, opérant déjà au-delà de ses limites, n’allait certainement pas les arrêter. Les visiteurs ont donc passé leur dernière nuit de rébellion sur le trottoir, à chanter avec leurs camarades tchèques pour les cinq heures et demi qu’il aura fallu à la police pour les libérer.
XR Slovaquie a organisé une marche funèbre durant la grève mondiale de « Fridays for Future »
Les Rebelles slovaques planifient déjà leur prochaine série d’actions. A l’image d’XR Slovaquie elles seront petites, ambitieuses, et organisées d’une main de maître. Elles seront sur pied d’ici quelques semaines. Elles recevront cette fois sans doute une meilleure médiatisation, mais aussi une plus grande attention de la part de la police. Pour la Slovaquie, ce sera un moment historique.
Bruxelles, revisité
12-13 Octobre | Bruxelles, Belgique
Tout le monde était sous le choc des évènements qui se sont déroulés en Belgique le Samedi 12 Octobre, lorsque plus de 400 rebelles pacifiques furent sauvagement battus, arrosés, gazés puis arrêtés durant leur premier jour de manifestation.
Les autorités bruxelloises ont depuis ouvert une enquête afin d’examiner le comportement illégal de la police. Au total, quatre investigations disciplinaires ont été lancées afin de déterminer l’usage d’une force excessive et d’une violence inacceptable.
Pendant ce temps, nous avons parlé avec un Rebelle sur place qui nous livre ses expériences de cette nuit : « C’est difficile à décrire ce qu’on ressent lorsqu’on se fait gazer par un spray au poivre. La meilleure comparaison que je puisse trouver, c’est l’enfer. Tout brûle, et vous être complétement désorientés. Hors de ce monde. Vous ne pouvez pas voir, sentir, ni même respirer ».
« C’est comme si quelqu’un versait un cocktail de tabasco et de javel dans votre gorge. Et vous ne pouvez rien y faire. L’eau empire la situation. Vous n’avez plus alors qu’à attendre ».
Soyez assurés qu’XR prêtera une grande attention aux résultats de l’enquête sur la police. Le mardi 15 Octobre, la porte-parole d’XR Linde Polfliet est apparue à la chaine de télévision nationale VRT afin de discuter de nos valeurs pacifiques et de dénoncer les actions criminelles de la police.
XR Belgique a aussi produit un communiqué touchant concernant « la brutalité stupide et négligente de l’action illégale de la police, qui a ruiné un magnifique et encourageant après-midi de collaboration citoyenne ».
Le communiqué s’excuse platement envers tou.te.s les membres d’XR ainsi qu’envers les passant.e.s pris dans « le cauchemar que nous avons tou.te.s vécu ». Il célèbre la volonté inébranlable de celles et ceux qui ont pris position et se termine en rappelant : « Le système auquel nous appartenons a peur. Il ne sait pas quoi faire […] Il a besoin de notre aide pour avancer. Il a besoin de nous ».
Le communiqué est disponible dans son intégralité ici.
Des Actes plutôt que des Mots
Une revue internationale de la réponse policière à la Rébellion d’Automne
Notre Rébellion d’Octobre a suscité des réactions très variées : de l’énergie et de l’engouement de la part de nouvelles.eaux rebelles de par le monde, un sentiment d’amour et de communauté de la part d’ancien.ne.s rebelles, de la curiosité des passant.e.s, des ronchonnements de certaines londonien.ne.s pressé.e.s., mais également un niveau d’intimidation et d’agressivité jamais vu de la part de la police.
A Londres la police est intervenue avant même le début de la Rébellion, opérant un raid sur un lieu de stockage et confisquant de l’équipement (dont des coussins roses très dangereux), et faisant des arrestations. Durant les jours qui suivirent, la police continua à confisquer toutes sortes d’objets aux Rebelles, notamment de la nourriture et des tentes.
En véritable esprit de Rébellion, des coussins roses fleurirent à travers tout Londres et la Rébellion repartit de plus belle. Les Rebelles continuèrent à défier l’agressivité de la police, même lorsque la répression atteignit ses plus bas niveaux avec notamment la prise pour cible des Rebelles les plus vulnérables et la confiscation de chaises roulantes et de matériel logistique visant à soutenir les Rebelles en situation de handicap.
Comme l’esprit de la Rébellion ne pouvait être abattu, la police répondit avec des mesures de plus en plus draconiennes visant à court-circuiter le droit de manifester, interdisant d’abord les manifestation à Trafalgar Square puis en bannissant toute manifestation XR à Londres.
Greta a tweeté: « Si le fait de se dresser contre la destruction climatique et écologique dans la défense de l’Humanité est contre les règles, alors les règles doivent être brisées ».
L’interdiction disproportionnée de manifestation XR à travers tout Londres n’eut pas l’effet escompté : elle attira le soutien de toutes celles et ceux se rendant compte des risques d’une telle tournure, comme par exemple Amnesty International qui qualifia cette interdiction de « glaçante et illégale ». Le leader du parti vert Jonathan Bartley et le journaliste George Monbiot furent parmi les personnes arrêtés le lendemain en défi de cette interdiction. La légalité de l’interdiction est aujourd’hui contestée auprès des hautes instances juridiques.
Malheureusement, le Royaume-Uni n’est pas le seul endroit où, au lieu d’agir face aux problèmes de l’urgence climatique et écologique, les politiciens ont préféré tenter de réprimer les manifestations pacifiques.
En Australie, le parlement du Queensland a criminalisé les appareils de type « arm-lock » et étendu les pouvoirs de la police, peu après que la police australienne n’ait été critiquée pour avoir fait usage de fouilles à nu et de conditions de libération sous caution extrêmes.
L’usage de la douleur par les forces de l’ordre contre des défenseurs de l’environnement pacifiques fut rapporté d’Allemagne et d’Espagne, tandis que les manifestations non violentes à Bruxelles firent face à une violence au-delà de tout ce que nous avions vécu auparavant.
Les réponses extrêmes exercées contre des manifestants pacifiques nous montrent que les sièges du pouvoir ont peur et paniquent. Les tentatives d’ignorer ou de ridiculiser XR ont échoué et il s’installe maintenant une reconnaissance de notre force et de notre volonté de changement.
L’avenir ne nécessite pas de telles mesures draconiennes ni d’Etat policier sans droits civique ; la seule nécessité est celle d’empoigner la question de l’urgence climatique et écologique et d’agir dessus sans tarder.